Le Premier ministre Jean Castex a annoncé qu’une remise à la pompe de 15 centimes par litre s’appliquera à partir du 1er avril et ce pendant 4 mois.

Cette mesure, qui coûtera environ 2 milliards d’euros au contribuable, concerne à la fois les ménages et les entreprises. Elle sera valable sur tous les carburants.

“Cela signifie que pour chaque plein de 60 litres, vous économiserez 9 euros” a révélé Jean Castex.

Le carburant est taxé à environ 60% (en fonction du carburant, il y a une légère différence de pourcentage). Sur un plein de 90€, c’est 54€ qui vont directement dans les poches de l’État. Bien sûr, pour le Premier ministre, il s’agit simplement de faire le nécessaire pour ses concitoyens et cela n’a rien à voir avec les élections présidentielles qui approchent. On se doute bien qui si cela c’était passé un an plus tôt il n’aurait jamais osé dire “faites un effort, serrez vous la ceinture, et ceux qui ne sont pas d’accord qu’ils viennent me chercher !”

“Me voyez-vous leur dire: circulez, il n’y a rien à voir ! Parce qu’il y a une élection dans moins de trente jours ? Ce n’est pas ma conception de ma responsabilité”, Jean Castex, le gentil Premier ministre, au journal Le Parisien

Nous sommes sauvés, notre généreux Premier ministre nous accorde 15 centimes de réduction sur les 1,2€ de taxe par litre de carburant vendu.

2 milliards d’euros de coût pour l’État

Le gouvernement estime que cette mesure coûtera environ 2 milliards d’euros sur la période de 4 mois. C’est une estimation et c’est difficile à prédire. Oui, supprimer 15 centimes sur les 1,2€ de taxe par litre va engendrer une perte de revenu pour l’État mais il va aussi permettre une augmentation du pouvoir d’achat des français (certe faible, on parle de 15 centimes par litre). Je ne sais pas comment sont estimés ces 2 milliards d’euros, mais s’il s’agit simplement de 2 milliards d’euros de manque de taxes à prélever, c’est totalement faux car il s’agit aussi de 2 milliards d’euros investis dans l’économie française.

Ces 2 milliards d’euros de pouvoir d’achat vont permettre au français de dépenser davantage (nourriture, sortie, vêtements, weekend, etc). Ce sont au final des emplois à créer (ou éviter de supprimer suite à la récession dû à la hausse du prix du baril) et des nouvelles taxes récoltés par l’État (TVA sur les produits achetés, charges salariales sur les nouveaux salaires, etc), ou à défaut, des taxes qui continue d’être récolté car si la diminution de 15 centimes n’avait pas eu lieu; la baisse de pouvoir d’achat aurait engendré des faillites, donc des taxes en moins à récolter. Ce qui peut représenter davantage que les 2 milliards investis actuellement.

On se rend compte qu’il est tout de suite impossible d’évaluer l’infinité de conséquences possibles et d’estimer le manque à gagner par l’abaissement de cette taxe. Diminuer une taxe peut parfois avoir l’effet inverse pour l’État: relancer l’économie et augmenter les gains obtenus par l’État sur les impôts prélevés sur ces nouveaux emplois. Ces changements se font sur une durée de plusieurs mois à plusieurs années et c’est quasiment impossible à chiffrer. Cette remise est temporaire pour une durée de 4 mois, mais 15 centimes sur des millions de litre de vendu, peut avoir une influence dans l’économie (oui je sais, ça ne va pas tout révolutionner non plus).

En cette période électorale, plusieurs candidats s’opposent aux baisses de taxes car c’est un cadeau pour les riches ou tout autre “méchant” et qu’il va être difficile pour l’État de financer les services publics suite à la perte que représente cette baisse. Ils ne prennent pas en compte que parfois cette baisse d’imposition peut représenter un gain ultérieur pour l’État; moins d’argent pour l’État, c’est plus d’argent qui circule dans l’économie locale.

Les méchants capitalistes

Jean Castex n’a évidemment pas oublié de parler des méchants capitalistes pétroliers. Il les a appelés à faire eux-mêmes “un geste complémentaire”.

“Comment les Français comprendraient qu’ils payent un plein de gasoil à 2 euros, pendant qu’au même moment les pétroliers dégagent toujours de gros bénéfices”, s’est interrogé le Premier ministre.

Le Premier ministre est déjà généreux, il a fait un don de 15 centimes sur les 1,2€ que prélève l’État sur le litre à 2€. Où vont les 80 centimes restants ? 18 centimes vont dans le raffinage, le transport et la distribution puis 62 centimes dans le prix du pétrole brut. Le problème c’est donc les malhonnêtes pétroliers qui prennent 62 centimes dans nos poches sur le litre de gasoil vendu. Alors que lui, l’État tout puissant et plein de bonté nous prend désormais qu’un seul euro et cinq centimes sur le litre mais à la différence que c’est pour notre bien.

L’État se verse en temps normal un salaire deux fois supérieur à celui des pétroliers sur le litre de gasoil vendu mais qu’a-t-il contribué entre l’extraction du pétrole jusqu’à la distribution dans mon véhicule? N’est ce pas là une forme de rackette légal ? Comment peut-il se permettre de critiquer des entreprises quand il n’a rien contribué aux investissements de celle-ci, aux milliards que nécessite les plateformes pétrolières ou aux milliers de forages infructueux.

L’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) est une entente entre sociétés pétrolières sur la production du pétrole brut. Cette organisation existe depuis 1960 et s’accorde sur les prix du pétrole depuis plus de 60 ans; elle est en partie responsable du choc pétrolier de 1973. Pourquoi notre excellent Premier ministre ne fait-il pas pression auprès de l’Union Européenne pour faire appliquer le Droit de la Concurrence ? C’est sûrement plus simple d’aller chez Le Parisien expliquer aux français que les pétroliers doivent faire “un geste complémentaire”. On se doute bien qu’ils vont appliquer de suite les recommandations de notre Premier ministre.