Macron promet de supprimer la redevance tv si il est réélu
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S’il est réélu, Emmanuel Macron s’est engagé à supprimer la contribution à l’audiovisuel public de 138€ qui sert à financer le service audiovisuel public. Dans sa grande bonté, le Président Emmanuel Macron souhaite soulager les ménages français d’une valeur de 11,50€ par mois. Mais contrairement à Eric Zemmour et Marine Le Pen, il ne désire pas pour autant supprimer le service audiovisuel français. Il faudra rajouter ou augmenter une taxe existante pour récupérer ces 11,50€ mensuels.
Le “contribution” de “contribution à l’audiovisuel public” serait plus correct sous le nom de “taxe”. Nous n’avons pas le choix de contribuer ou non à notre beau service audiovisuel public. Mais la pilule est certainement plus facile à avaler sous le nom de contribution.
Pourquoi attendre la fin d’un mandat ?
Pourquoi attend-il 5 ans avant d’appliquer cette mesure ? Il avait largement le temps d’appliquer cette mesure. Surtout qu’elle était prélevée en même temps que la taxe d’habitation qui elle a été supprimée. Il aurait pu faire une pierre deux coups et supprimer la redevance tv en même temps que la taxe d’habitation. Il préfère garder cette mesure dans sa botte secrète pour se démarquer face aux 12 autres candidats à l’élection présidentielle 2022 en affichant sa préoccupation des craintes du pouvoir d’achat des français.
S’il voulait vraiment montrer sa bonne volonté, il lui reste plus d’un mois de présidence; largement de quoi faire passer cette loi. Surtout que Macron est le spécialiste du passage de loi en force, il l’a fait pour la loi Macron en 2015, et plusieurs fois en 2021 comme pour le passe sanitaire. Il l’a fait voter plusieurs fois jusqu’à ce qu’il finisse par être accepté en pleine nuit quand plus aucun député n’est présent dans l’hémicycle. C’est beau la démocratie. Malheureusement pour un cas encore inconnu, il est impossible de faire pareil pour la contribution à l’audiovisuel public.
La girouette administrative
La girouette administrative est une spécialité maîtrisée par tout bon politicien et en particulier du président Emmanuel Macron. Elle consiste à changer la législation en permanence pour faire croire que l’on s’engage à améliorer la situation tout en faisant l’inverse de la première modification ultérieurement ou discrètement pour contrebalancer la perte. Comme cela, rien ne change, et l’on peut dire que l’on a fait quelque chose. Si jamais il n’y a pas de résultats positifs (ce qui était prévisible et même attendu), il n’y a qu’à déclarer que c’est la faute de quelqu’un d’autre (les méchants patrons capitalistes néolibéraux, l’extrême droite, l’inflation, les étrangers, la Russie, l’opposition politique), mais en tout cas jamais la faute de l’État. Pour régler cette difficulté causée par ce “quelqu’un d’autre”, il suffit de faire une nouvelle loi et le cirque continue ! Macron en a donné un excellent exemple avec le CICE.
Non seulement rien ne change mais il y a plus souvent de taxes rajoutées que supprimées; la situation empire avec le temps. À chaque nouvelle législation, il faut que l’État s’adapte à la situation; il faut adapter ou développer des nouveaux logiciels pour administrer ça, il faut recruter de nouvelles personnes, en former des existantes ou faire appel à un cabinet extérieur pour gérer ça. Tout ça c’est le contribuable qui paie pour un changement à valeur ajoutée nulle.
Chaque entreprise doit également se maintenir à jour des nouveaux textes de loi et se maintenir en conformité avec. C’est un coût financier élevé pour l’entreprise car il faut maintenir des employés à gérer toutes ces situations. Chacun de ces employés doit consacrer une partie de son temps de travail à une tâche improductive pour l’entreprise et la société en général. Bien sûr l’État récupère, en plus de la nouvelle taxe, 50% du salaire que l’entreprise a dû débourser pour payer ses employés pour gérer ce changement de législation. Tout ce coût pour l’entreprise est répercuté sur le produit ou service vendu. C’est donc le client final qui paie indirectement les frais de gestion supplémentaires déclenchés par ces changements perpétuels de loi.
S’il n’y a pas de résultats positifs à la fin, il suffit de dire que c’est la faute de l’inflation ou des patrons qui ne font pas ruisseler !
La différence avec Éric Zemmour et Marine Le Pen
Éric Zemmour et Marine Le Pen, à la différence d’ Emmanuel Macron, estiment que l’État n’a pas à financer l’audiovisuel. Ce n’est pas aux citoyens français d’être, de force, obligé de payer pour un service qu’ils ne veulent pas forcément consommer. Des entreprises privées gèrent déjà de nombreuses chaînes tv et radio et l’État n’a pas à y interférer. L’audiovisuel public étant financé via la redevance tv qui rapporte 3,7 milliards d’euros à l’État, Zemmour et Le Pen souhaitent donc supprimer cette taxe qui ne serait plus nécessaire.
Emmanuel Macron souhaite garder l’audiovisuel public, il lui faudra donc trouver un moyen via la technique de la girouette pour récupérer ces 3,7 milliards ailleurs. La difficulté étant là, il est facile de vouloir supprimer une taxe pour se faire bien voir avant les élections mais plus difficile de trouver 3,7 milliards d’euros dans la rue.
Un des problèmes de la contribution à l’audiovisuel public est que la taxe est très perceptible par les français; elle est visible lors de la déclaration des impôts. Dans l’intérêt de l’État, il serait plus intéressant d’augmenter une taxe existante de quelques pourcents pour combler la perte, rajouter une nouvelle taxe “pour la planète” ou une taxe sur les “riches” (qui sera payée au final par la classe moyenne). Cela serait mieux accepté auprès de l’opinion public qu’une taxe de 138€ à chaque déclaration d’impôts.
Les missions du service public
L’audiovisuel public coûte 3,7 milliards d’euros par an au contribuable. C’est une somme colossale. À 300 millions d’euros la construction d’un hôpital, cela représente la construction de plus de 12 hôpitaux par an en France. Faut-il mieux construire davantage d’hôpitaux, secteur déjà en grande difficulté bien avant la crise du covid ou financer davantage “N’oubliez pas les paroles” sur France 2 ? Pour ne sortir qu’une citation qu’un grand philosophe suisse, “Je crois que la question est vite répondue.”
Le budget de Radio France pour ses 7 radios (630M€) est désormais nettement supérieur à celui des 330 radios privées réunies (550M€). N’est-il pas possible d’optimiser légèrement la gestion du budget de Radio France? À ce niveau là, n’est ce clairement pas du détournement de fond public ? Selon l’article 432-15 du code pénal, qui sera tenu responsable pour encourir la peine des 10 ans de prisons et 1 000 000 d’euros d’amende pour détournement de fonds publics? (réponse: personne)
L’audiovisuel public a historiquement trois missions : informer, éduquer, divertir. Si certains comme le président sortant Macron sont pour maintenir l’audiovisuel public, n’est-il pas possible d’écrémer les taches de celle-ci ?
La première mission consiste à informer, mettre en relation directe le gouvernement et la population, avoir une information officielle en provenance de l’État.
La seconde mission est l’éducation et plus généralement cultiver. Est-elle indispensable et nécessaire ? Est-elle d’une bonne qualité à un coût abordable ? Je peux comprendre l’objectif de cette mission il y a 20 ans, mais elle-t-elle toujours d’actualité ? Le budget affecté est-il plus efficace que wikipedia pour cultiver et éduquer ? Aujourd’hui avec internet, le monde est totalement différent d’il y a 20 ans, on peut accéder gratuitement à des millions de ressources en ligne de qualité pour apprendre et se former ? Pourquoi le contribuable doit-il continuer à fournir un service concurrent de moins bonne qualité et pour plus cher ?
La troisième mission est pour moi incompréhensible. Pourquoi notre argent est-il prélevé pour financer notre divertissement ? Ne sommes-nous pas libres de choisir le loisir de notre choix ? Pourquoi l’État nous prend-il de force notre argent pour financer des émissions ou séries tv que je ne souhaite pas regarder ? Si je désire de mon temps libre faire du sport, lire, jouer au bowling ou aller au cinéma; l’État n’a pas à intervenir dans mes choix. Est-ce un raisonnement “extrême” de vouloir penser aussi ? La mission de divertissement est de loin la plus coûteuse de toutes et pourtant la moins nécessaire. Produire des émissions coûte cher, les animateurs populaires aussi, et acheter des catalogues (films, séries, documentaires) encore plus. Pour autant, les services publics ne sont pas connus pour diffuser de grands films, où est partie tout l’argent ? N’est ce clairement pas encore une fois du détournement de fonds publics ? Des centaines de millions sont dépensés annuellement pour financer des séries regardées par très peu de personnes. Qui est responsable de ces dépenses ? Sera-t-il présenté devant la justice pour cette gestion calamiteuse ? (réponse: non).
Cette gestion entraîne et maintient un système sous perfusion publique, entre la contribution à l’audiovisuel public, le Centre National du Cinéma et différentes aides gouvernementales et régionales dont nous ignorons même l’existence, c’est tout un système qui est maintenu sous perfusion entre la production et diffusion d’émissions, de séries et de téléfilms dont 80% des français ignorent complètement l’existence. Si un référendum était réalisé, y aurait-il plus de 50% de votes pour que le financement de N’oubliez pas les paroles et Complément d’enquête soit réalisé via des impôts prélevés sur les citoyens français ? Je ne le pense pas…