Le fléau des darkstores, un remake taxis vs Uber ?
Temps de lecture: 6 minutes.
Les darkstores s’installent dans toutes les grandes métropoles françaises et toutes les agglomérations sont en état d’alerte pour enrayer leur expansion.
Qu’est ce qu’un darkstore ?
Un darkstore est un type de commerce de détail basé sur la livraison de produits de consommation courante commandés depuis une application en ligne. Il est constitué d’entrepôts fermés au public où s’effectue la préparation des commandes passées par internet. De taille relativement moyenne et situés au plus près du client, ces lieux ont vocation à offrir un service de livraison très rapide (de l’ordre de 15 minutes). Le concept s’est répandu en France dans les centre villes des grandes agglomération depuis le début de la crise sanitaire.
Pourquoi les darstores se répandent ?
Le concept des darkstores est apparu aux États-Unis au milieu des années 2010 mais s’est popularisé en France avec la crise du Covid.
Les centres-villes des grandes agglomérations se vident de commerces depuis plusieurs années. Les petits commerces ne sont plus rentables face aux grandes enseignes et la vente en ligne. Les boutiques vestimentaires subissent le même problème, il ne reste plus que les grandes enseignes comme H&M et Zara. Les supérettes fonctionnent toujours mais se retrouvent à proposer des prix élevés et subissent la concurrence des grands supermarchés situés un peu plus loin là où les loyers sont plus faibles. Seul le secteur de la restauration arrive à tenir. Nous nous retrouvons avec des centres villes tous identiques avec quelques restaurants, les mêmes magasins de vêtements et les dernières banques et assurances qui ne vont pas tarder à disparaître non plus. De nombreux locaux se retrouvent disponibles à la location.
Tirant profit de cette brèche, les darkstores en ont profité pour s’implanter dans les centres-villes et proposer de la livraison de course sur le principe de Uber Eats faisant alors de la concurrence aux dernières supérettes présentes.
Le conflit
Depuis la propagation de ses startups en France, la colères montent dans les centres-villes face à la fragilisation des commerces traditionnels et les nuisances sonores. Il est à noter qu’il est fort étrange que les mairies s’affolent maintenant de la désertification des centres villes. Peut être qu’il s’agit d’un moyen pour remettre la faute sur quelqu’un d’autre ?
Concernant les nuisances, les municipalités se plaignent des va-et-vient constants des livreurs. Comment est-ce possible de se plaindre du bruit en centre-ville ? Si l’on souhaite vivre dans le calme, le rythme de vie n’est pas adéquat, il faut déménager en périphérie pour pouvoir profiter d’un cadre plus paisible. De plus, je suis persuadé que si les centres-villes étaient plus calme, ces mêmes personnes se plaigneraient alors du vide.
Les livreurs provoquent du bruit mais ce n’est pas nouveau, en quoi est-ce différent des livreurs de Domino’s Pizza dans les années 90 ? Y a t-il un domaine où cela est justifié et un autre où ce ne l’est pas ? Faut-il une autorisation spécifique pour chaque livraison ? Les pizza c’est ok, McDonald’s c’est ok mais le paquet de pâtes Panzani et le PQ Lotus c’est interdit ?
Une boulangerie n’émet-t-elle pas des nuisances sonores ? Elle est ouverte tous les jours et de très bonne heure. Les clients viennent à partir de 7h du matin et les aller-retours sont incessants le soir où les clients bloquent la rue avec leurs voitures pour aller acheter leur baguette de pain en rentrant du travail.
Un restaurant ne provoque-t-il pas d’émission de bruit ? Les livreurs Uber Eats et Deliveroo attendant devant de la même façon que devant un darkstore. La différence est qu’il y a aussi des clients qui émettent du bruit jusqu’à la fermeture du restaurant. Et c’est encore davantage de bruit pour un bar !
Il est important de chercher à comprendre pourquoi certains individus se plaignent de certaines industries et pas des autres alors que les circonstances sont identiques.
Les détracteurs
Il existe deux types de détracteurs. Les premiers sont les principaux plaignants. Ce sont les concurrents directs, les supérettes et supermarchés n’ayant pas réussi à s’adapter aux besoins des clients. Ils font appel à la municipalité pour “réguler” l’installation des darkstores leur faisant directement de la concurrence. C’est pour cela que depuis 2 ans un intense lobby se réalise auprès des politiciens et des médias; tous les mois fleurissent des nouveaux articles décrivant les atrocités commises par les méchants darkstores.
Il est plus facile d’entraver l’installation d’un concurrent via des régulations que de s’adapter via la libre concurrence des marchés.
Les seconds détracteurs sont des personnes dont la vie est dénuée de sens, manquant d’estime de soi et espérant un semblant de visibilité. Ce sont des citoyens lambdas, des commerçants jaloux de la réussite des autres ou des politiciens profitant de l’occasion pour espérer avoir enfin leur heure de gloire et sauver la planète tel un Bruce Willis nous délivrant d’une mort certaine par un asteroid. Leur objectif c’est de se sentir au moins une fois utile dans la vie et d’obtenir un peu de visibilité.
Conclusion
Comme à chaque nouvelle tendance, de nombreuses startup profitent de l’opportunité pour se procurer une part du gâteau et des darkstores fleurissent un peu partout sur l’hexagone. Entre les futurs gains financiers réalisables par le futur leader et les pertes potentielles pour les supermarchés n’ayant pas réussi à s’adapter à temps, c’est une véritable guerre qui va avoir lieu dans les années à venir. De la même façon qu’un conflit a eu lieu entre les taxis et Uber pendant plusieurs années, une bataille semble inévitable entre les arrivants comme Gorillas et Cajoo et de l’autre côté les leaders historiques de la grande distribution, les politiciens et riverains ayant soif de gloire.