Faut-il encore taxer plus les riches ?
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En cette pleine période électorale, de nombreux candidats proposent de taxer davantage les riches, à l’instar de Jean-Luc Mélenchon qui souhaite “prendre tout” sur les héritages supérieur à 12 millions d’euros. La fortune des 1% ne fait que grandir et il est important de taxer davantage pour réduire les inégalités et mieux redistribuer l’argent.
Première étape, c’est impossible
Il est tout simplement impossible de taxer les plus riches, même si l’on estime que cela est moralement correct, il est irréalisable de taxer les fortunes de plusieurs millions d’euros. Le problème s’arrête là, il faut trouver une autre solution.
Pourquoi c’est impossible
Les personnes possédant plusieurs millions d’euros (et parfois plusieurs milliards) sont trop influentes. De plus, les politiciens font non seulement partie de cette catégorie mais ce sont eux aussi qui votent les lois. Comment voulez-vous qu’ils votent des lois extrêmement contraignantes pour eux-mêmes ? Et si jamais elles sont votées, vous pouvez être garantis qu’il existera une petite clause pour permettre d’échapper à la règle.
Quand une personne possède une fortune aussi élevée, elle peut se permettre de payer une armée d’avocats si celle-ci lui permet d’économiser derrière des millions d’euros en impôts. Chose impossible pour un citoyen lambda, les dépenses nécessaires pour indemniser cette expertise vont lui coûter plus cher que les économies réalisées. Il sera condamné à payer des impôts quand le plus riche pourra s’en détacher. En cas d’impossibilité totale, le fortuné pourra toujours se permettre de changer de pays ou la législation est plus clémente avec lui. À moins d’être une dictature totalitaire (ce qui est peut être le désir de certains politiciens), il sera impossible d’empêcher la personne de fuir le pays pour aller habiter ailleurs. Et de nombreux pays n’ont pas une mentalité autant collectiviste et accepterons avec plaisir une personne extrêmement riche qui dépensera ses deniers dans leur pays tout en les taxant moins ou pas du tout.
Les conséquences
Vouloir taxer les ultra-riches peut provoquer l’effet l’inverse. On estime pouvoir récupérer X milliards d’euros sur une année grâce à ce nouvel impôt mais l’effet inverse peut se produire.
Le riche payait déjà une quantité Y d’impôts. Mais en voyant cette somme Y qui risque d’être multiplié, il lui devient rentable de faire appel à des spécialistes de la fiscalité pour lui permettre d’avoir moins d’impôts à payer. L’État espérait récupérer X milliards d’euros grâce à cette nouvelle taxe, mais non seulement il ne va pas les récupérer mais en plus il risque de ne plus récupérer l’impôt Y de chaque millionnaire qu’il percevait les années précédentes.
Face à cette taxation qui leur est défavorable, certains vont carrément décider de s’expatrier. Non seulement l’État ne récupérera plus l’impôt Y mais en plus, ces ultra-riches ne contribueront plus à l’économie locale. Car une personne possédant une immense fortune ne vit pas comme le citoyen lambda. Elle a de nombreux employés pour s’occuper d’elle: secrétariat, chauffeur, l’entretien intérieur et extérieur de tous ses biens immobiliers, cuisiniers, etc… C’est une véritable cour qui entoure les plus riches. Ce sont de nombreux emplois qui disparaissent et de l’argent en moins dans l’économie locale. Et tout cela concerne uniquement la vie courante de cette personne, le riche consomme davantage que le citoyen lambda, il va aller par exemple bien plus souvent dans des restaurants de luxe qui embauchent beaucoup plus de salariés qu’un restaurant classique (sans compter la rémunération plus élevée). Tout cela, se sont des pertes énormes pour l’économie française. Dans l’exemple de ces restaurants, si une grande partie des fortunés quittent le territoire, se sera une grosse partie de ces restaurants qui vont faire faillite. Car la population n’a pas les moyens de se permettre ces tarifs. Ce seront des emplois dans l’excellence hôtelière qui vont disparaître. Moins d’emplois c’est également moins d’écoles nécessaires pour former ces personnes, etc… C’est toute une économie qui disparaît, et c’est uniquement pour le secteur de la restauration; imaginer tous les autres secteurs d’activités consommés par les ultra-riches: la mode, les hôtels particuliers, les événements privés, et toutes les activités de riches dont j’ignore totalement l’existence.
L’État ne pourra absolument rien faire pour lutter face à cette perte de rentrées d’argent, à moins d’envahir tous ces “paradis fiscaux” (pays qui estime que taxer autant c’est du vol). Mais je ne pense pas que ça doit être dans les programmes de nos politiciens.
Non seulement l’État ne va pas recouvrer cette somme d’argent espérer mais en plus elle ne récupérera plus l’argent qu’elle gagnait les années précédentes. Où va-t-il récupérer ce double manque à gagner ? Réponse au chapitre suivant.
La classe moyenne
La classe moyenne et la classe moyenne “supérieure” n’ont pas la chance de pouvoir échapper aux impôts comme les ultra-riches. Ils vont devoir payer de plein fouet pour compenser toutes les pertes précédentes. Mais concrètement, c’est qui cette classe moyenne supérieure ?
Selon wikipedia, pour une personne seule, pour faire partie de classement moyenne supérieure il faut avoir “au moins 30 000 euros environ par an, après impôts sur le revenu et impôts locaux”, ce qui correspond à environ 2500€ par mois. C’est une belle somme d’argent, mais c’est très loin de permettre d’avoir une belle maison avec la piscine, la berline allemande et de passer 10 jours par an de vacances à l’autre bout du globe.
Êtes-vous riche ? Faites le test. Nous faisons partie des plus riches plus souvent que l’on pense.
Comment accéder à la classe moyenne supérieure ?
La classe moyenne supérieure, c’est la classe ultime accessible au citoyen lambda. Au-dessus, c’est réservé à des cas exceptionnels ou à l’aristocratie française responsable des inégalités comme Thomas Piketty par exemple.
La classe moyenne supérieure n’est pas accessible pour tous. Nous n’y accédons pas en sortant fraîchement des études supérieures. Elle est abordable après avoir acquis de nombreux critères. Il faut des compétences rares et recherchées sur le marché du travail, il faut travailler dur et longtemps pour se démarquer de la concurrence, se former en permanence pour acquérir un panel de compétences plus larges, prendre des risques, etc… Sans oublier le facteur chance qui est toujours présent; on peut cocher toutes les cases précédentes sans pour autant arriver dans la classe moyenne supérieure. Tout cela pour espérer gagner plus de 2500€ par mois. Est-il juste de vouloir taxer davantage ces personnes qui ont travaillé dur pendant plusieurs dizaines d’années pour espérer gagner un salaire convenable ? Quelles sont les conséquences de punir encore plus financièrement une personne qui s’est battu pour améliorer son train de vie ?
De plus, il ne faut pas oublier que ce salaire arrive une fois la carrière professionnelle entamée. Gagner 2500€ quand on a 25 ans et quand on a 40 ans ce n’est pas pareil. Quand on a la quarantaine et plusieurs enfants, subvenir à leurs besoins coûte cher. Gagner 2500€ ce n’est pas vivre dans le luxe. Faut-il assommer de taxe le père de famille qui se bat pour que ses enfants vivent une vie meilleure ? Que va penser la génération suivante ? Faut-il que je fasse autant de sacrifice que lui pour arriver au final à cela ? Est-ce que ça vaut vraiment le coup ?
Les conséquences
Que se passe-t-il si l’on se met à taxer une personne qui s’est battu toute sa carrière pour recevoir un salaire convenable ? Est-ce que toutes ses heures supplémentaires valaient le coup ? Fallait-il accepter les responsabilités supplémentaires dues à la promotion pour une augmentation salariale si faible ? (car la somme est davantage taxée, par exemple une augmentation de 30% du salaire ne fera qu’une augmentation visible après impôts de 10%). Faut-il prendre des risques financiers pour créer son business ? Car si jamais l’entreprise cartonne, l’État viendra se servir dans vos poches. À la différence, si le business ne fonctionne pas l’État ne viendra pas vous rendre tout votre temps et argent investi, ça sera pour votre pomme. Socialiser la réussite, mais privatiser les échecs. Pourquoi s’embêter à faire tout cela ? Ne faut-il pas mieux vivre avec un salaire 500€ plus faible mais avoir la garantie de rentrer chez soi plus tôt, d’avoir moins de stress et de profiter de ses loisirs ou de ses enfants?
Si tout le monde raisonne comme ça, la société ne va plus fonctionner. Si plus personne refuse de s’investir, créer de la valeur et prendre des risques; faut-il en vouloir à ces personnes qui refusent de se faire voler le fruit de leur labeur ou faut-il en vouloir aux citoyens et politiciens qui veulent taxer la moindre réussite ?
C’est le même principe qui s’applique aux aides sociales. Vaut-il le coup de travailler pour un salaire dérisoire sans perspective d’évolution quand on peut ne pas travailler tout en touchant 100 ou 200€ de moins seulement ? Et pourquoi ne pas faire du travail au black à côté pour permettre de gagner plus que si l’on travaillait légalement tout en cumulant les aides sociales. Certes, ce n’est pas éthique, mais est-ce important à l’heure des #McKinseyGate et autres dépenses désastreuses ?
Conclusion
Nous ne pourrons jamais taxer davantage les plus riches, c’est triste, ce n’est pas juste mais c’est comme cela malheureusement. En 5000 ans d’histoire, cela n’a jamais été accompli avec succès. Une fois de plus, c’est les classes moyennes qui paient et cela a de graves conséquences. Vouloir taxer à tout prix le moindre euros existant est-il la bonne méthode ? L’argent, ça se créer, les américains d’ailleurs disent “to make money” et non “to earn money” (faire de l’argent et non gagner de l’argent). Taxer la moindre réussite risque de freiner l’économie et le progrès, ce n’est pas forcément la meilleure solution surtout en sortant de la crise du covid (qui n’est d’ailleurs pas fini pour autant). Ne faudrait-il pas mieux chercher à optimiser la gestion désastreuse que l’État fait de notre argent ? On peut donner autant de milliards d’euros que l’on veut mais s’ils continuent de disparaître en “divers frais de gestion”, rien ne changera.